Découverte musicale : Samarya

Samarya

Il y a quelque temps, nous découvrions Samarya, une artiste au talents multiples. Nous vous proposons aujourd’hui de quelque peu lever le voile sur l’une de ces facettes en nous intéressant plus particulièrement à son œuvre musicale et en nous focalisant sur trois de ses morceaux.

Samarya : esquisse d’un parcours artistique

Une rapide recherche menée au sujet de cette artiste nous apprendra que Samarya a vu le jour en 1980 et plus précisément le vendredi 18 juillet, au Chesnay ( actuel Chesnay-Rocquencourt), dans les Yvelines, en Île-De-France.[1] D’origine réunionnaise, l’artiste confie indirectement se trouver à un véritable carrefour culturel, étant née des amours d’un père aux origines syrienne et martiniquaise et d’une mère israélo-réunionnaise. Elle grandira entre autres au sein d’une fratrie de trois enfants. L’ attrait et l’ intérêt pour le monde du spectacle et de la musique naissent très tôt chez Samarya, ceux-ci se trouvant en quelque sorte canalisés et encouragés par un beau-père lui-même musicien et batteur de son état. [2]  Sur son initiation à la musique, la chanteuse, comédienne et ventriloque confiera :

« Il [son beau-père] jouait de la musique assez régulièrement, il animait des soirées, mais à la maison on entendait de la musique tous les samedis matins, tout le week-end,  de 9h à 21h le soir. Je fredonnais au départ…J’aimais bien ce qu’il faisait passer comme musique et c’est vrai que ça à évolué parce que je chantais en cachette. »[3]

Samarya revendique également  comme premières influences celles d’artistes tels Michael Jackson ou Whitney Houston, le roi de la pop l’ayant dit-elle fascinée dés l’âge de cinq ans.[4] A l’aube des années 90, à 9 ans, elle pose le pied sur le continent américain et participe trois semaines durant, avec ses camarades de classe, à un projet de classe « transplantée » dans le Michigan[5]. Aux Etats-Unis, elle intégrera plus tard des agences de casting[6]. Au cours des années 2000, Samarya parcourra aussi différents pays du Vieux Continent[7].

Artistiquement, c’est en tant que figurante que la jeune femme se fait remarquer, en prenant notamment par au projet de film Mon pote mené par Marc Esposito et sorti le 1er décembre 2010 avec Edouard Baer,  Atmen Kélif  ou  encore Benoît Magimel dans le rôle principal. En 2015, la chanteuse tente une nouvelle expérience, en s’intéressant cette fois à la médiumnité suite à un coma[8].

En 2017, elle se tourne à nouveau vers le monde de la création et de la chanson, faisant le choix de reprendre un titre extrait du répertoire de Jann Halexander, Lost in Fort-de-France. Cette complainte martiniquaise douce-amère se retrouvera gravée deux ans plus tard sur le premier mini-album de la chanteuse[9].

C’est en effet le 20 septembre 2019 que parait Je t’attendais déjà, le premier Extended Play et  effort discographique signé par celle qui désormais se revendique également chanteuse. Le disque en question renferme sept pistes, oscillant entre reprises et compositions originales, instrumentaux , Chanson et Poésie : Le Jardin de Samarya , Je t’attendais déjà, Ma délivrance, Aux Marches du Palais, Lost in Fort-de-France , Je t’attendais déjà instrumentale et enfin  Les Marches[10]. Notons que l’artiste  Jann Halexander a porté son concours à la réalisation de ce format court en s’appliquant à la composition de certains titres.

Sur ce choix d’un retour à la musique et à la chanson, Samarya révélera notamment :

« Pourquoi au bout de mes quarante années je décide de me lancer dans le monde de la chanson ? En fait, c’est un rêve d’enfant ! Etant petite fille, j’aimais bien la création, les chansons, les chanteurs tendance de l’époque de Thriller, des années 85 où j’ai commencé vraiment à découvrir les musiques qui étaient très populaires comme Michael Jackson comme Whitney Houston, j’ai grandi avec cette musique. Je faisais toujours des jeux de moi-même, c’est-à-dire que je me déguisais dans la peau du personnage. Je m’enfermais dans ma chambre quand mes parents étaient dans le salon ou que mes sœurs faisaient d’autres activités. Je me mettais à chanter ou à faire comme si je représentais soit Michael Jackson en fille ou soit Whitney Houston, la diva. J’aimais jouer des rôles comme ça, ça m’amusait énormément ! »[11]

Plus généralement, évoquant ce premier disque, la chanteuse dira :

« L’E.P. est un moyen de me ressentir dés le départ, je chante, je fais le ventriloque, mais en même temps, j’anime mes chansons. Je les interprète à ma façon, ce qui me révèle puisque ça fait partie de ma personnalité. Ces blessures, ces fêlures que j’ai encaissées durant des tas d’années, me permettent, à travers la chanson, de me libérer. Je suis tout simplement artiste ! Un artiste ne fait jamais la même chose qu’un papa ou une maman lambda… Je ne suis pas madame tout le monde, je suis une artiste qui vit son humour tous les jours…

Quand elle va chercher sa baguette de pain, Samarya sourit, Samarya a de l’humour ! quand elle va à la pharmacie, elle est reçue très bien par la directrice. Quand elle prend le bus, elle fait rire le chauffeur et les passagers. Il n’y a que moi qui peux le faire…pourquoi ? Parce que ça fait partie de ma personnalité. »[12]

Signalons également que c’est au soir du 19 septembre dernier que Samarya s’est pour la première fois produite sur scène, à Paris, aux Marquises. Le spectacle se nommait « Je vous attends déjà » et était l’occasion pour la chanteuse de laisser libre cours à sa passion du cabaret, de la chanson  à texte et des jolies robes en alliant le récit de vie et le chant.

En attendant la suite de ses aventures, jetons une oreille à trois des titres qu’elle nous a proposés.

 

Un univers musical entre légèreté et douceur teinté de clair-obscur 

Je t’attendais déjà s’ouvre sur quelques notes et accord joués au clavier, qui délivrent un premier gimmick aussi simple qu’accrocheur dés les premiers instants du morceau. A cela s’ajoute très vite un rythme plutôt modéré, imprimé par une boucle de percussions répétitive, certainement obtenue directement grâce à une boite à rythme, ce qui n’est pas sans évoquer nombre de compositions des décennies 80 et 90. L’ensemble parait  en tout cas assez net et sans fioriture, simple, répétitif, mais efficace et comme imprégné d’une certaine ambiance qui plaira et rappellera à tous les coups quelques souvenirs aux auditeurs. La coda du morceau est en cela assez révélatrice de cette intention, prolongeant, répondant à l’introduction et concluant joliment l’ensemble. Un morceau de deux minutes et trente-trois secondes, alliant brièveté, simplicité et efficacité. Les paroles que Samarya pose sur cette composition évoque de manière directe l’amour, l’autre, l’être aimé et/ou attendu : Ho, je n’attendais que toi,/ Ho, je n’attendais que toi,/ Et je ne savais pas/ Ho, je n’attendais que toi,/ Et toi tu ne vivais pas/ Ho, je n’attendais que toi,/ Et tu ne pensais même pas/ Ho, je n’attendais que toi,/ Et je t’aimais déjà.

Ma délivrance se veut une douce déclamation poétique par laquelle Samarya évoque avec une tendresse certaine une rencontre l’ayant assurément bouleversée. D’une durée d’à peine une minute et trente secondes, cette pièce vocale n’est soutenue que par des discrètes notes de piano : Toi, ma délivrance qui le fut/ Pendant des mois/ Confident, prétendent/ Tu le fus/ L’amour n’a pas de prix /Pour moi si/ Le cœur d’un homme/ Ma délivrance c’est toi./ Mon soutien, mon partage./ Mon rêve éveillé./ Moi qui rêve depuis tant d’années/ Chanter !/ Merci à toi l’ami adoré.

En plus de Lost in Fort-de-France de Jann Halexander, Samarya s’est aussi attelée à une reprise d’Aux Marches du Palais, chanson traditionnelle française et ballade populaire  dont les auteurs originels semblent toujours inconnus au bataillon. Sa diffusion fut très large au XVIIIe siècle. Ainsi, un nombre de quarante versions différentes de cette chanson se voit enregistré entre 1732 et1790,  rien que sur le territoire hexagonal[13]. Parmi les différents interprètes du XXe siècle, on peut citer pêlemêle et toutes époques confondues : Dorothée, Marie Laforet, Yves Montand, Guy Béart, Les compagnons de la chanson ou encore Nana Mouskouri[14]. D’après ses propres dires, la version ayant le plus marqué et touché Samarya est celle proposée en 1956 par la chanteuse française Cora Vaucaire[15], dont Samarya se dit fan. C’est d’ailleurs à cette dernière qu’est dédiée la vidéo accompagnant la chanson. Une vidéo singulière, qui , par son ton quelque peu décalé, pourra surprendre tout en nous donnant à voir (et entendre), et ce non sans humour, les différentes facettes du personnage de Samarya. L’interprétation que nous livre l’artiste semble être pour elle l’occasion de mettre en avant les différentes cordes de son arc, sur le plan vocal notamment. Les marches gravies ici ne déparent en rien celles les ayant précédées, mais s’en démarquent suffisamment et intelligemment pour toucher l’auditeur. Les paroles de cette chanson évoquent l’amour courtois, un amour pouvant aisément ici se confondre avec la mort et la vanité humaine :

Aux marches du palais/ Y a une tant belle fille./ Elle a tant d’amoureux/ Qu’elle ne sait lequel prendre. C’est un p’tit cordonnier / Qu’a z’eu la préférence. / C’est en-là l’y chaussant/ Qu’il y fit sa demande./ La belle si tu voulais/ Nous dormirions ensemble./ Et nous y dormirions/ Jusqu’à la fin du monde.

 

« A mes 35 ans,

 Je rêvais toujours de chanter.

 Ma volonté ne s’est  jamais arrêtée . »

Samarya

 

 

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Décrire en de simples mots l’univers de Samarya n’est point aisé. En effet, difficile de traduire un ressenti tout personnel, de le communiquer, le partager pour la première fois. Nous sommes ici face à l’œuvre musicale d’une chanteuse, mais aussi, comme nous l’avons écrit plus haut dans cet article, à celle d’une comédienne, interprète et ventriloque. Nous nous trouvons face à une artiste aux masques divers et variés, mais derrière le sourire, la grandiloquence des quelques interprétations se révèle très vite une certaine sensibilité à laquelle semblent se conjuguer honnêteté et franchise, qualités aussi rares que précieuses dans le monde du spectacle et de la chanson aujourd’hui.  

On peut tout à fait ne pas aimer cette artiste et l’univers si particulier et tout personnel qui est le sein, mais il faut lui reconnaitre un certain courage : celui de s’affirmer pleinement en tant qu’artiste. Ne prétend-t ’on pas qu’il ne peut rien y avoir de pire pour un artiste que de laisser indifférent ? Cela n’est pas le cas de Samarya et là est l’essentiel. Une artiste au parcours quelque peu atypique, dont les chansons et la Poésie méritent d’être entendues et écoutées.

      Xavier Fluet@LaGazetteDeParis                                                                     

 

[1] « Samarya : l’E.P. Je T’attendais Déjà », www.divertir.eu , 21 septembre 2019. Page consultée le 07/10/2020. Lien : https://www.divertir.eu/blog/culturel/samarya-l-ep-je-t-attendais-deja.html

[2] Ibid.

[3] Samarya dans JLPP sur IDF1 #Jacky 3/12/2019. Lien : https://www.youtube.com/watch?v=DDgmRhDNVfg&ab_channel=VaguaSong

[4] Ibid.

[5] Id.

[6] Cf. note 1.

[7] Ibid.

[8] Cf. Note 6.

[9] « La chanteuse réunionnaise Samarya sort son premier E.P., Je t’attendais déjà », www.freedom.fr . Page consultée le : 07/10/2020. Lien : https://freedom.fr/la-chanteuse-reunionnaise-samarya-sort-son-premier-ep-je-tattendais-deja/

[10] Cf. Note 6.

[11] Ballade avec SAMARYA. Lien : https://www.youtube.com/watch?v=urZO-ow-FZ4&t=68s&ab_channel=VaguaSong

[12] Interview SAMARYA sur son Ep ‘Je t’attendais déjà’. Lien : https://www.youtube.com/watch?v=MjmeRAB1a4w&ab_channel=VaguaSong

[13] « Aux Marches Du Palais », wikipédia.org. Page consultée le 14/10/2020 Lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aux_marches_du_palais

[14] Ibid.

[15] Cf. Note 12.

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